À chaque fois que les boxeurs s’exercent en faisant du shadow boxing, ils expérimentent un exaltant feeling. Ils se voient constamment en mouvement devant un miroir face à un adversaire invisible, mais en même temps toujours présent virtuellement en face de soi.

Le boxeur qui se laisse donc envahir par ses propres pensées se met à faire des esquives, des feintes et des contres. Ensuite, il enchaîne avec des jabs suivi directement d’un crochet avec la main droite. C’est au tour des jambes d’être sollicités, quand l’artiste du ring effectue un pas de côté pour ensuite rehausser sa garde. Enfin, dans sa bulle, l’athlète d’exception offrira une résistance en prenant avantage de sa portée, (qu’elle soit courte ou longue) soit en tournant autour de son adversaire fictif ou bien en multipliant les efforts, afin de se faufiler sous ses coups, tels qu’il se les imagine.

Cette forme d’art improvisée sous différentes formes qu’est le shadow boxing, remonte ainsi à plusieurs centenaires. Dans cette simulation, il est tout seul avec un fantôme boxeur et au fil du temps, tous ceux qui sont attentifs à la façon de faire du boxeur, soudainement, sont fictivement en mesure de dresser le portrait de l’adversaire.

Or essentiellement, cependant, l’attention du boxeur se porte davantage sur lui-même. En sachant que le karaté amateur requiert une mixture d’habilités techniques avec les mains et les jambes mises en évidence lors de leurs rituels exercices de « Kata », il en est de même avec le boxeur, lorsqu’il effectue son répertoire de mouvements pugilistiques avec son fantôme.

Règle générale, le boxeur ne forcera pas ses frappes plus qu’il ne le faut ; le focus plutôt concentré sur l’exactitude de la technique de la multiplicité des coups et des pas et non sur leurs vélocités. Les erreurs sur le pattern des mouvements peuvent alors être rectifiées jusqu’à ce que les exécutions de gestes précis s’intériorisent de manière permanente dans la chorégraphie du boxeur, même si les récentes acquisitions ne sont pas toujours exécutées parfaitement.

Le shadow boxing harmonise en quelque sorte la performance, car le boxeur est plus que souvent porté à jeter un regard profond sur lui-même, ce qui peut constituer à un certain degré une forme de comparaison avec la méditation.

Shadow Boxing StevensonDe toute vraisemblance, le boxeur apparaît souvent focalisé sur l’exécution de ses mouvements pour plusieurs raisons. Sa danse avec son ennemi invisible exige un haut niveau de concentration, spécialement lorsque le boxeur exécute ses démarches devant un miroir. En jouant le rôle d’une infaillible caméra, le miroir révèle toutes les erreurs, aussi infimes soient-elles. Après tout, on ne s’y prend que d’une seule façon pour effectuer un uppercut.

C’est la raison pour laquelle le shadow boxing constitue une procédure d’entraînement pour les combattants, peu importe où le boxeur en est rendu dans sa progression : le boxeur novice acquiert les déplacements de base et les types de punchs, alors que les champions perfectionnent certains détails qui s’inséreront dans leur coffre à outils.

Les boxeurs, entre autres, à l’aide de leur processus mental, doivent être en mesure d’anticiper et ensuite gérer diverses situations, auxquelles ils seront confrontés dans un vrai combat, similairement à un spécialiste du saut en hauteur qui visualise méthodiquement chacun de ses pas avant d’effectuer son saut.

En gros, il faut souligner le côté ésotérique de cet exercice, même lorsque le boxeur renferme dans ses mains deux petits poids libres. Après tout, la préparation mentale de tout boxeur en vue d’un combat constitue les aspects mis en relief ici.

Un autre point important consiste à accroître la vitesse dans ses poings. Le boxeur aura donc intérêt à travailler notamment sur ses deux composantes, car un jour arrivera où son opposant ne sera plus invisible pour lui comme pour tout autre boxeur qui évolue dans un ring.