Le Président Ukrainien, Viktor Yanukovitch, ne fera qu’ajouter de l’huile sur le feu, s’il ne considère avec appréhension l’influence qu’a son candidat le plus prometteur, soit l’actuel Champion Emeritus des Poids Lourds, Vitali Klitschko.
Du haut de ses 6’7 pour un poids approximatif de 250 lbs, Klitschko a prouvé durant sa carrière professionnelle de pugiliste, qu’il était une force de la nature ayant la particularité de mater ses adversaires grâce avec sa force et son intelligence dans l’arène; il a remporté son premier titre majeur (WBO) à son tout premier combat de Championnat Majeur en 1999, pour ensuite s’approprier, en 2004, le titre Vacant WBC de la catégorie reine, et ce, en infligeant un Knockout à Corrie Sanders au 8e assaut. En somme, il a enregistré des Knockouts lors de 87% de ses combats. En 2000, blessé à l’épaule, il dut abdiquer le combat, alors qu’il se dirigeait aisément vers la victoire contre l’Américain Chris Bird. En 2003, c’est une vilaine coupure à l’œil qui força l’équipe médicale à mettre un terme à son combat contre la légende Britannique Lennox Lewis. Ce fut-là, les deux seuls échecs de sa fructueuse carrière professionnelle comportant 47 combats.
On peut prétendre, à première vue, qu’il ne possède pas les qualifications typiques d’un Président à en devenir. Néanmoins, Klitschko est également l’un des seuls Champions du monde de boxe Poids Lourd à avoir obtenu un Doctorat (Ph.D), se donna ainsi le surnom de « Dr. Ironfist ». Et bien entendu, tout le globe a été témoin de son courage et sa détermination tout au long de ses 16 années dans l’arène. La semaine dernière, il a été l’un des meneurs de quelques dramatiques manifestations contre Yanukovitch, qui ont jusqu’ici coûté la vie d’au moins trois manifestants.
Ce boxeur qui a marqué une décennie chez les Poids Lourds, a toujours été un homme de modération, en tant que membre du parlement depuis 2012 en représentant son propre parti politique, avec des amis et des alliés impliqués à travers ce spectre politique. Mais alors que les manifestations dans la rue suscitèrent encore plus de violence de la part des autorités, il était devenu clair que pour obtenir la faveur d’un bon nombre de citoyens, il devait donc se ranger en première ligne tel un grand leader.
« Demain, nous allons faire avancer les choses d’une manière légitime, » a déclaré Vitali Klitschko.
Vitali Klitschko est natif du Kirghizistan (une ancienne république de l’URSS), en 1971. Il est le fils d’un pilote militaire Soviétique. Après avoir séjourné dans divers lieus à travers le pays, la famille Klistchko adoptèrent la ville de Kiev, alors que Vitali vivait la période de son enfance. Vitali débuta dans un premier temps une carrière de kick-boxing : en 1992, le Poids Lourds Britannique, Pélé Reid, devint une des très rares personnes à le vaincre, lors de la finale d’un Championnat Européen.
Mais après ce petit accroc, sa route allait par la suite être couronnée de succès. En 1996, alors qu’il entama sa carrière de boxe professionnelle, il hérita aussi entre temps de son premier diplôme universitaire, ce qui fit de lui une figure inhabituelle sportive. Or, il n’y a pas si longtemps, les facultés intellectuelles n’étaient pas nécessairement considérées comme un atout en tant que tel. Klitschko allait donc être accepté comme étudiant au Doctorat à l’Université Nationale de Kiev, et en 2000, il compléta sa thèse de Doctorat sur le sujet : « Talent et le parrainage dans le sport ». Éventuellement, il allait remporter ses 27 premiers combats de boxe professionnelle dans la division des Poids Lourds, tous avant la limite.
Klitschko, qui a livré un bon nombre de ses combats en Allemagne, a cependant livré, en petits nombres, quelques combats victorieux entre 2003 et 2004 aux États-Unis. Mais entre-temps, en Ukraine, une série de manifestation politique prirent de l’ampleur à la suite de la proclamation, le 21 novembre 2004, du résultat du deuxième tour de l’élection présidentielle, que Vitali Klitschko et de nombreux Ukrainiens perçoivent comme truqué par le gouvernement Viktor Yanukovitch. C’est ce qui explique cette série de manifestations connues sous le nom de Révolution Orange. Klitschko accorda donc son attention vers la politique, en supportant le candidat à la présidence de Viktor Yushchenko, qui a remporté l’élection suivant la Révolution Orange, et qui par la suite, allait survivre à deux tentatives d’assassinats, dont le second par empoisonnement à la dioxine. Yushchenko allait ainsi faire de Klitschko son conseiller politique de manière permanente en 2006.
Tout en continuant à boxer, Klitschko s’est engagé dans l’univers de la Politique Ukrainienne. Il avait auparavant fini au second rang, lors de l’élection à la mairie de Kiev en 2006 avant d’être élu au conseil municipal. Il a lancé son propre parti, l’Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme, dont l’acronyme, « Udar », signifie « coup de poing » autant dans le dialecte de l’Ukraine que celui de la Russie. Malgré toute sa fougue dans le ring, Klitschko, dont son épouse est Natalia Egorova (une ancienne athlète et un modèle avec qui il a trois enfants), a été jusqu’à présent semble-t-il très courtois dans le monde de la Politique Ukrainienne. Cela contribue à expliquer pourquoi, aujourd’hui, alors que son pays se situe à la croisée des chemins de ses moments les plus marquants depuis 2004, il est une figure de plus en plus populaire et attrayante pour assurer la cohésion d’un pays qui est en grave danger d’être déchiré dans un bras de fer entre la Russie et l’Union Européenne.
La crise actuelle date du 21 Novembre 2013. En 2005, le Président Yanukovitch (qui constitue l’adversaire de Yushchenko et de V. Klitschko), a renversé la voie vers l’Intégration Européenne. Yanukovitch appartient et doit son soutien à la Russophile (favoritisme envers l’ex U.R.R.S.) et Russophone (Langage Russe), à l’Est et au Sud de l’Ukraine. Et alors que les foules à Kiev ne peuvent pas être décrites comme passionnée de l’Union Européenne en tant que telle, ils ne sont certainement pas emballés à l’idée d’entrer dans l’étreinte du vaste territoire que représente la Russie. Et c’est précisément là que le Président très impopulaire Yanukovitch a supposément manigancé avec des allégations de transactions douteuses avec Vladimir Poutine, qui a mis l’Ukraine dans une position de dépendance commerciale avec la Russie, avec un accord sur le pétrole et le gaz de manière à favoriser les échanges commerciaux entre les deux pays. Lorsque, le 16 Janvier, le Président, adopta précipitamment une loi qui contestait les droits fondamentaux d’association, d’expression et de réunion; l’écriture Stalinienne était sur le mur.
Malgré sa célébrité et sa richesse honnêtement acquise, Vitali Klitschko n’est pas un politicien au charismatisme débordant. Son Doctorat et son amour du jeu d’échecs entrent en contradiction avec son élocution lente, soigneusement formulée et peu enthousiasme. Le constat est évident, lorsqu’il est interviewé par les journalistes. Néanmoins, ses propos montrent toujours une cohérence; que ce soit à la fois envers la jeunesse qui se tient à la Place de l’Indépendance, à Kiev, ou bien envers les partisans de Yulia Tymoshenko et même pour les nationalistes extrémistes qui appuient le régime du Président Yanukovitch.
Dans une récente entrevue, Vitali Klitschko déclara :
« Le système d’aujourd’hui a été instauré pour être au crochet du Clan (La grosse Famille); en faisant référence aux parents et copains de V. Yanukovitch, qui sont soupçonnés de faire des gains financiers spectaculaires grâce au pouvoir qu’ils détiennent, au détriment de la société dans son ensemble. La signature de l’éventuel Accord d’Intégration de l’UE (Union Européenne), en attaquant des manifestants pacifiques et en ignorant les droits humains … Toutes ces décisions sont des indicateurs de la façon dont les choses sont en Ukraine en ce moment. Si ces choses évoluent dans la même direction, alors personne ne peut prédire comment cela va finir. »
Le danger de l’escalade rapide des manifestations de masse, qui sont maintenant répartis dans les villes en dehors de Kiev, c’est qu’ils pourraient conduire à une situation où l’unité fondamentale du pays est en péril, en exposant ses failles profondes. Ce n’est pas parce que la moitié de la population veut aller à la guerre contre l’autre, mais en raison des divisions au sein des forces armées, le gouvernement et la bureaucratie qui pourraient déclencher un conflit, ou au moins conduire à une très dangereuse impasse.
La candidature de Klitschko à la présidence, en revanche, offre peut-être une porte de sortie à la crise actuelle. Il est connu et admiré à travers le pays, il ne semble pas lié à la corruption, il recherche le bien-être de l’Ukraine, et sa relation, avec les Russophiles, n’est pas excessivement conflictuelle. Il possède les caractéristiques d’un être lent et monotone de la parole, mais si l’Ukraine voulait un Président autour duquel le pays pourrait s’unir, on peut supposer qu’il serait un bon candidat pour y parvenir. Face à la nécessité de construire une plateforme attelant les ultra-nationalistes d’une part et les partisans de Tymoschenko sur l’autre, il déclara :
« Pour asséner un coup, il faut réunir ses doigts ensemble pour former un poing. Nous devons donc nous unir toutes nos forces ensemble. C’est la seule issue pour en ressortir vainqueur.»
