L’entraîneur de boxe

Un rôle similaire à tout autre enseignant de profession

Puisque la boxe est représentée comme étant une science en plein essor, les entraîneurs sont donc mandatés pour exercer un rôle similaire à tout autre enseignant de profession. Il y en a parmi eux qui sont plus doués que d’autres dans l’art de transmettre méticuleusement à leurs protégés, la position de base appropriée à chaque boxeur, un habile jeu de pieds, l’aspect technique des coups de poings, des mouvements défensifs basés sur les réflexes et sur l’anticipation, les postures de protection adéquate, etc.

Les jeunes apprentis qui arrivent dans un Gym de boxe pour la première fois (enthousiasmés avec leur sac et leur serviette) ont beau être doté d’une génétique d’exception ; un coup de pouce leurs sera de toute évidence nécessaire, pour qu’ils puissent être formés selon les normes préétablies du noble art.

Gil Glancy, qui pendant plusieurs années fut un des entraîneurs les plus respectés aux États-Unis, résuma cela de la façon suivante :

« Tout boxeur doit apprendre comment boxer. La boxe ne repose pas principalement sur la puissance, mais elle s’appuie davantage sur les habiletés. »

Plusieurs entraîneurs de grandes renommées offrent à leurs frais un suivi aux boxeurs prometteurs pourvu que ces pugilistes de grandes ambitions s’investissent avec ferveur à leur futur métier, lorsqu’ils auront à faire le saut chez les professionnels.

L’entraîneur et légendaire, Emanuel Steward, est souvent cité comme modèle, lorsqu’on y aborde la chimie qu’il développa avec le champion du monde dans cinq catégories différentes, Thomas Hearns.

On peut aussi en dire autant pour les frères Brockton’s Petronelli, Goody et Pat qui ensemble, montèrent l’une des plus belles machines de boxe de l’époque moderne, soit le champion incontesté des poids moyens, Marvin Hagler.

Mais dans les deux cas, les entraîneurs ont toujours valorisé à sortir les gens bien disposés du monde de la rue et pour entretenir des liens tissés serrés avec leurs disciples.

Parmi tous ces formateurs, il y en a qui se spécialisent en tant que polisseurs, c’est-à-dire qu’ils assument la responsabilité de peaufiner le style des jeunes boxeurs. Ce type d’entraîneurs aiment bien recruter des pugilistes qui en sont sur le point d’achever leur carrière amateur, mais il leur arrive aussi, bien entendu, de faire équipe avec des pugilistes ayant déjà livré un petit nombre de combats professionnels. Dévoués dans leur métier, ces hommes de métier priorisent d’offrir le meilleur suivi possible à leurs protégés.

Mais, il y en a d’autres qui ne prennent sur leur tutelle que des boxeurs de renom qui s’apprêtent à livrer des combats de championnat. Ce type de coachs recherchent toujours une relation basée sur la confiance avec leurs boxeurs. Leurs objectifs principaux consistent sans aucun doute à optimiser l’efficacité des styles de leurs boxeurs de même qu’à contribuer à la mise au point de stratégies concrètes pour les combats.

Ainsi, chaque coach aura à soumettre, selon sa propre ligne de pensée, un programme d’entraînement adapté spécifiquement à leurs boxeurs.

Par contre, là où il y a convergence, c’est que peu importe où un boxeur se situe dans son cheminement, tous les types d’entraîneurs, en autant qu’ils soient compétents dans leur approche, demeurent indispensables pour le cheminement d’un boxeur :

« Tous les boxeurs ont besoin de quelqu’un pour se faire indiquer leurs erreurs. » – Kevin Rooney

Mais les entraîneurs n’ont pas toujours été considérés comme étant essentiels à l’époque de la boxe moderne. De toute évidence, lors des jours anciens du pugilat, il y avait, en effet, des professeurs comme le célèbre Pythagoras de Samos, qui se créa lui-même une renommée en formant des champions olympiques.

Mais avec la réémergence de ce sport à l’époque où l’on pratiquait la boxe à mains nues (bareknuckle) en Angleterre et ensuite aux États-Unis, les entraînements spécifiques étaient initialement perçus comme étant indispensables pour les courageux du métier.

On ignore cependant si les entraînements méthodiques faisaient partie des normes lors de cette période intermédiaire. Ce ne le fut que lors de la création de que l’on nommait les « Académies » à Londres. Formé dans cette institution, certains boxeurs actifs se recyclèrent en entraîneurs de boxe au 18e siècle.

Au milieu de 20e siècle, des précurseurs de ces maîtres autoritaires des deux côtés de l’Atlantique devinrent indispensables pour leurs boxeurs car ils jouaient le rôle de fins stratèges, de pères adoptifs, de cuisiniers ainsi que de proches confidents.

Les prérequis sophistiqués de la boxe moderne exigent que l’entraîneur soit davantage attentif et à l’écoute des préoccupations de leurs protégés ; le genre de chimie qu’on ne retrouve pas dans les autres disciplines sportives.

Spécialement dans les semaines cruciales de préparation menant à un combat, dans lequel l’enjeu est significatif, les coachs ambitieux vont idéalement chercher à contrôler tous les aspects susceptibles de jouer un rôle sur le rendement de leurs protégés; que ce soit la nutrition, le repos et même leur vie de couple.

Ceci nous mène à des situations loufoques. L’entraîneur Ray Arcel (1899-1994) a souvent partagé sa chambre d’hôtel avec ses boxeurs, afin de s’assurer que ses poulains s’alimentent convenablement sans boire de l’alcool en cachette et si nécessaire, de prendre soin d’eux dans la même chambre pendant plusieurs jours après le combat, quand le boxeur au lendemain d’une soirée bien arrosée était trop confus pour s’apprêter à faire son voyage de retour.

D’autres comme le coach de Muhammad Ali, Angelo Dundee, se sert d’une équipe de nuit pour venir à leur aide et s’assurer que leurs boxeurs n’aient aucune aventure avec une femme, alors qu’ils se retrouvent la situation où ils s’apprêtent à disputer un combat avec un enjeu.

Bien que la symbiotique relation entre les entraîneurs et les boxeurs puisse continuer d’exister dans certains cas aujourd’hui, son développement se fait de plus en plus sobrement et il représente un lien avec une décision d’affaires.

Face à ce constat, on peut considérer comme vrai les écritures du journaliste du New York Times, Dave Anderson en 1991 :

« Les combattants arrivent et ensuite ils partent, mais les coachs sont là de manière incessante. »

 

En lui accordant une valeur prépondérante, la proximité de la relation émotionnelle entre un entraîneur de boxe et son protégé peut devenir plus intense que lorsqu’il s’agit d’un autre lien entre un coach et un athlète dans un autre sport.

En effet, le personnel impliqué dans le métier de pugiliste doit avoir les nerfs solides car tout au long de leur périple, l’équipe aura toujours à composer avec une forme unique de drame imprégné dans le noble art.

Dans des combats de championnat prévus pour douze assauts, les boxeurs réintègrent leur coin onze fois, donc onze chances que doit saisir l’entraîneur en chef pour soumettre une tactique et des conseils stratégiques.

À travers des moments comme ceux-ci, les entraîneurs deviennent une sorte de voix intérieure pour leur boxeur. Tel que l’entraîneur Richie Giachetti, à un moment précis, indiqua à son protégé Larry Holmes :

« Je ne peux pas me battre pour toi, mais je peux te dire ce que tu fais de mauvais et te signaler qu’est-ce que tu dois faire au lieu de cela. »

Certains entraîneurs s’identifient tellement à leurs athlètes durant leurs combats, qu’ils croiraient ressentir les punchs des opposants sur leur propre corps. Mais règle générale, un coach doit se montrer en contrôle de ses émotions et d’être en tout temps attentif à ce qui se passe dans le ring.

Si, par exemple, l’entraîneur n’obtient pas les résultats escomptés avec son plan de match initial, il est dans le devoir du coach d’apporter les ajustements tactiques pour le mieux de son boxeur, donc de passer au « plan B ».

Et qu’y a-t-il de plus déplaisant pour ces meneurs encore, lorsque ses assistants lui font mention que leur boxeur accuse un retard irrécupérable sur les cartes de juges (ou que le combat est sur le point d’être arrêté à cause d’une blessure). Le coach doit alors ordonner à son poulain (s’il est un puncheur) de tout faire pour enregistrer un knockout sur son adversaire alors que parfois, il ne reste que quelques minutes à écouler au combat.

Or, vers la dernière portion du combat, le coach doit représenter pour son boxeur plus qu’un simple conseiller stratégique. Quand le boxeur s’affaiblit et que ses blessures entravent sa façon de faire, on reconnait le caractère vital d’une bonne intervention pour mobiliser les réserves du boxeur. Le coach doit donc se montrer émotif pour faire resurgir le courage qu’il recherche tant chez son boxeur en lui signalant notamment son devoir de bien faire devant ses fans et ses proches, ce qui peut s’avérer souvent plus efficace qu’un correctif technique.

Les diverses astuces psychologiques utilisés par les entraîneurs pour secouer leurs protégés entre les rounds sont représentés à ce jour, au moyen d’une bonne documentation sous forme d’anecdotes dans les archives du sport.

Mais c’était Teddy Atlas, qui, en Avril 1994, a réellement instauré le standard avec une performance digne des films d’Hollywood, lorsqu’il raviva la flamme de l’aspirant au titre, Michael Moorer, qui fut éventuellement déclaré victorieux aux points contre le champion des poids lourds, Evander Holyfield. À la fin du 8e round, Atlas s’était assis sur le tabouret de Moorer en reversant les rôles : en se lançant dans un impressionnant monologue pour le bienfait de son très souvent léthargique boxeur, il réprimanda Moorer :

« Tu vas te mettre à pleurer comme un bébé demain. C’est ce que tu veux ? »

Mais, lorsque la situation est désespérée, l’entraîneur aussi doit être en mesure de reconnaître cette réalité et l’indiquer par la simple action de lancer de la serviette sur le ring. C’est une décision douloureuse parce que tous les coachs espèrent que leurs boxeurs soient en mesure retrouver leurs second souffle. Mais lorsque les boxeurs en sont à un point de non-retour, un entraîneur à le devoir de protéger son boxeur sans réserves.

C’est exactement qu’Eddie Futch a fait en 1975 à la fin d’une trilogie. Joe Frazier avait alors réintégré péniblement son coin à la fin du 14e assaut contre Muhammad Ali. Le légendaire entraîneur s’était depuis fait interrogé à savoir si Frazier aurait survécu dans les trois dernières minutes. Et à chaque, il arriva à cette réponse :

« Je ne suis pas un chronométreur du temps. Je suis un entraîneur de combattants. »

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